Baromètre HelloWork 2025 : le marché de l’emploi lève le pied, mais garde le cap
- kmazou
- 12 nov.
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Le baromètre semestriel publié par HelloWork début juillet 2025 confirme ce que plusieurs recruteurs et acteurs RH avaient déjà commencé à percevoir depuis quelques mois : le marché de l’emploi ralentit. Avec un total de 5,33 millions d’offres publiées entre janvier et juin 2025, la baisse enregistrée est de -8 % par rapport au semestre précédent.
Un chiffre qui pourrait sembler alarmant de prime abord, mais qui mérite d’être analysé avec un peu plus de recul. Car si les volumes sont en repli, ils restent élevés au regard des années précédentes, et révèlent surtout une mutation dans les dynamiques de recrutement plutôt qu’un repli généralisé.
Un recul attendu, après deux années d’activité intense
Après deux années de très forte activité post-Covid, marquées par une intensification des recrutements, un retour à un certain équilibre semblait inévitable. Le premier semestre 2025 confirme cette tendance de fond, amorcée dès la fin de l’année 2024. En six mois, les offres d’emploi diffusées ont baissé de 8 % en cumulé, tous types de contrats confondus (CDI, CDD, intérim et alternance). Le détail par trimestre montre d’ailleurs un ralentissement progressif mais net : -4,7 % sur les trois premiers mois de l’année, puis une chute plus marquée au printemps avec -11,2 % au deuxième trimestre. Ce tassement n’est donc pas brutal, mais bien progressif, et s’inscrit dans un mouvement d’ajustement du marché.
Malgré ce repli, le niveau d’activité reste solide. Le volume d’offres recensé sur le semestre dépasse encore largement celui du premier semestre 2023 (5,1 millions) et encore plus celui de fin 2023 (4,8 millions). En d’autres termes, on reste sur un marché actif, mais plus prudent. Le phénomène n’est pas un arrêt net des recrutements, mais plutôt une forme de stabilisation après une phase d’emballement.
Des arbitrages contractuels révélateurs des tensions économiques
L’un des enseignements majeurs de ce baromètre concerne l’évolution des types de contrats proposés. En période d’incertitude, les entreprises ajustent leurs pratiques, et le contrat devient un levier de flexibilité. Ce semestre, ce sont les CDI et l’intérim qui enregistrent les plus fortes baisses. Les CDI reculent de 8 %, tandis que les missions d’intérim diminuent de 9,6 %. Des chiffres significatifs, qui traduisent une volonté des employeurs de limiter les engagements longs dans un contexte économique toujours instable.
Les CDD, eux, font preuve d’une belle résilience, avec un recul limité à 1,8 %, et même une reprise en fin de semestre : +0,6 % en mai et +11,8 % en juin. De quoi montrer que le CDD reste une solution privilégiée pour maintenir l’activité sans s’engager sur le long terme. En revanche, l’alternance connaît aussi un coup d’arrêt, avec une baisse de 9,5 %, bien qu’elle ait connu un sursaut ponctuel en mars (+8 %). Une donnée préoccupante quand on sait à quel point l’alternance est devenue un pilier stratégique de nombreuses politiques RH ces dernières années.
Le télétravail se maintient à un niveau stable, malgré les discours de retour au bureau
Autre enseignement intéressant : la place du télétravail dans les offres d’emploi. Alors que plusieurs grandes entreprises françaises ont communiqué récemment sur des politiques de retour au bureau plus strictes, le baromètre montre que le télétravail continue à s’ancrer dans les pratiques. 13,8 % des offres publiées au premier semestre 2025 mentionnent la possibilité de télétravailler, que ce soit à temps plein, partiel ou ponctuel. Un chiffre quasi identique à celui de l’an dernier (13,6 % au S1 2024), qui montre que malgré certains discours, le télétravail reste un critère bien installé dans le paysage de l’emploi.
Pour les professionnels des RH, c’est un signal à ne pas négliger. Les candidats restent attentifs à cette possibilité, et les entreprises qui souhaitent rester attractives doivent continuer à en tenir compte, notamment pour les métiers en tension ou les fonctions support. Le télétravail n’est plus un « bonus », mais un élément structurel de l’offre employeur.
Recul des offres, mais pas de l’intérêt pour l’emploi
Ce qui ressort aussi de ce baromètre, c’est une forme de déconnexion entre l’offre et la demande. Si les volumes d’offres diminuent, l’intérêt pour l’emploi, lui, reste fort. Les candidats continuent à consulter, postuler, s’informer. Le ralentissement de la diffusion d’offres ne signifie pas une perte d’attractivité du marché, mais plutôt un ajustement du côté des recruteurs. Beaucoup de structures attendent davantage de visibilité économique avant de relancer leurs campagnes d’embauche, d’autres revoient leur organisation ou misent sur la mobilité interne.
Ce contexte peut aussi représenter une opportunité pour les DRH : celle de prendre le temps de renforcer l’expérience candidat, de retravailler la marque employeur ou de revoir les processus internes. Le ralentissement offre une respiration bienvenue dans des services RH souvent sous pression depuis plusieurs années.
Une photographie à compléter par les réalités sectorielles et territoriales
Enfin, si le baromètre Hellowork donne une vision d’ensemble, il ne faut pas oublier que chaque secteur, chaque territoire, vit des réalités différentes. Certaines régions résistent mieux que d’autres, certains métiers continuent à recruter massivement, d’autres sont en net repli. Pour piloter efficacement une stratégie RH, ces données doivent être croisées avec des indicateurs locaux et métiers.
Par exemple, dans certaines branches comme l’hôtellerie-restauration, la logistique ou les services à la personne, les besoins restent soutenus. À l’inverse, des fonctions comme la communication, le commerce de détail ou certains métiers du tertiaire peuvent connaître des à-coups. Dans ce contexte, affiner les diagnostics, dialoguer avec les managers de proximité, rester en veille sur les dynamiques de son bassin d’emploi devient plus que jamais essentiel.
Un marché à l’écoute, et des RH en première ligne
Ce que confirme ce baromètre, c’est que nous ne sommes pas dans une crise de l’emploi, mais dans une période de régulation. Un marché qui reste actif, mais plus sélectif, où les attentes évoluent des deux côtés. Dans ce contexte, les RH jouent un rôle clé : celui de médiateur entre les enjeux économiques de l’entreprise et les attentes des talents.
Ce rôle suppose d’adapter les discours, les formats, les canaux, mais aussi de faire preuve de pédagogie en interne comme en externe. Il impose aussi d’anticiper : sur les métiers en tension, sur la transformation des compétences, sur les nouvelles attentes en matière de qualité de vie au travail.



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